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Aussi vite, aussi haut qu'une chauve-souris ?

Sciences participatives

 

Plusieurs membres de l'équipe Vigie-Chiro se sont rendus au 4ème colloque international portant sur l'écologie du mouvement des chauves-souris. C'était mi-mars à Berlin. Yves Bas, notre spécialiste en acoustique, y présentait son travail sur leur comportement de vol. Et Jean-François Julien, chercheur au laboratoire, m'a fait le plaisir de rapporter les « nouveautés » et « découvertes » discutées par les éminents spécialistes de ces mammifères hors du commun.

La chauve-souris au Guinness book des mammifères

« Parmi les surprises, il y a eu ce travail de Gary McCracken sur la vitesse du molosse américain, Tadarida brasiliensis » m'a dit Jean-François. « Ça fait un peu livre Guinness des records, mais toujours est-il qu'il a montré que l'espèce peut atteindre les 100 km/h ! » Pour une chauve-souris chassant déjà à 2 000 mètres d'altitude, le record est de taille. « D’après Gary Mc Cracken, il est probable que notre espèce européenne, le Molosse de Cestoni (T. teniotis), plus grande que sa cousine américaine, vole au moins aussi haut et plus vite ».

La chauve-souris en altitude

« Une autre équipe, représentée par Teague O'Mara, a équipé certaines Noctules communes d'un altimètre. Le matériel est léger et de prix abordable. Cela peut avoir des applications intéressantes pour l'avenir. Jusqu'à présent, nos détecteurs ne nous permettaient pas de suivre les bêtes au-dessus de 100 m. L'étude de Teague a montré que beaucoup de noctules chassent entre 50 et 100 mètres d'altitude, mais que certaines montent parfois jusqu'à 400 m ! C'est la première fois que l'on mesure cela. Nous savions cependant que la Grande Noctule atteint au moins 1 700 m, mais cela avait été mesuré par un radar militaire. »

Jean-François, comment sait-on alors que le Molosse américain chasse à 2 000 mètres d'altitude ?

« Ces études américaines ont été réalisées avec des radars. Les américains ont montré que les chauves-souris suivent de grandes masses d'insectes, que l'on appelle le plancton aérien, qui montent avec l'air chaud. »

Tadarida brasiliensis © Merlin D. Tuttle | Bat Conservation International Interpretive Media Writer EYNF-LEF | fs.usda.gov

 

La boussole des chauves-souris

« Aya Goldshtein de l'équipe de Yossi Yovel qui travaille à Tel Aviv en Israël nous a enthousiasmé avec son étude sur une chauve-souris pêcheuse de Basse-Californie au Mexique. La bête, équipée d'un GPS, est partie jusque 8-10 km en mer en faisant des boucles puis est rentrée à son gîte. C'était complètement inattendu parce que l'on a toujours cru que les chauves-souris ne voient pas plus loin que sur quelques dizaines de mètres et qu'il leur faut des structures linéaires pour s'orienter. Or en pleine mer, il n'y a rien. D’autres expériences, réalisées par des allemands, ont montré qu’elles sont probablement sensibles au champ magnétique et doivent posséder une sorte de boussole interne. »

Roussette des villes et roussette des champs

« La présentation de Katya Egert Berg était également très intéressante. Son équipe a travaillé sur une roussette qui peut aussi bien se nourrir en ville qu'à la campagne. Elle a montré qu'en ville, les roussettes font de petits trajets d'un jardin à l'autre, puis reviennent à leur gîte. À la campagne, elles parcourent 10 à 20 km pour se nourrir dans un secteur où gîte une autre colonie. Il n'est pas rare que la roussette s'y arrête avant de repartir le lendemain pour visiter le terrain de chasse d'une autre colonie. Les roussettes font donc des petits voyages avec des haltes. »

Roussette d'Egypte (Rousettus aegyptiacus) © S. MEYS | Zoo de la Palmyre

C'est comme si elle effectuait un tour des « popottes » pour connaître les nouvelles ?

« Il est probable que oui, mais on ne sait pas grand chose sur la roussette. On sait qu'elle est sociale mais nous avons été surpris d'apprendre qu'il existe un réseau de colonies où les individus se connaissent tous. La colonie la mieux suivie était au départ une colonie captive à l'université. Un jour, ils ont décidé de leur ouvrir la porte. Malgré tout ce qu'ils ont pu leur mettre sur le dos pour les étudier (GPS, caméra, etc.), elles n'ont jamais abandonné le gîte ! Elles ont même fait des échanges et de nouvelles roussettes se sont installées à l'université. »

Pour mieux être observées ?

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Lisa Garnier, le mardi 7 avril 2015

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