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Comment les citoyens participent à leur façon au plus haut niveau de l'État

Sciences participatives

En ce jour de fête de la biodiversité - soyons clair à Vigie-Nature, c'est la fête tous les jours ! - le ministère de l'écologie publie ces chiffres 2014 de l'Observatoire National de la Biodiversité (ONB). Cet ONB a pour rôle de répertorier les chiffres qui indiquent les tendances positives ou négatives des espèces vivantes françaises (les humains ne sont pas concernés).

Mesurer pour comprendre

Mis en place pour éclairer la Stratégie nationale pour la biodiversité (SNB), ces indicateurs permettent de « mesurer pour comprendre ». J'ai repris l'expression de l'Institut national de la statistique et des études économiques. D'ailleurs en économie, on parle d'indice : indice des prix à la consommation, par exemple. C'est intéressant d'aller comparer les deux sortes d'indicateurs (biodiversité et économie) parce qu'ils ne se situent pas sur les mêmes échelles de temps. En économie, on va regarder mois après mois l'indice des prix à la consommation, en biodiversité, on travaille année après année. Et les chercheurs vous diront « qu'il faut plusieurs années de suivis des espèces pour être sûrs d'une tendance ».

La fête des citoyens

Mais je m'égare, aujourd'hui, nous fêtons les citoyens ! Parce que parmi les fameux indicateurs de l'ONB, il y a les données de tous ces observateurs bénévoles anonymes. Certains envoient leurs observations naturalistes à l'Inventaire national du patrimoine naturel (INPN) du Muséum national d'Histoire naturelle, d'autres sont des « pros » de la reconnaissance du chant des oiseaux et participent au Suivi temporel des oiseaux communs (STOC-EPS), d'autres encore s'engagent dans le suivi des chauves-souris avec l'observatoire Vigie-Chiro. Evidemment, je parle des observatoires de notre laboratoire de recherche (CESCO) mais il y en a d'autres !

Sur le site de l'ONB...

Vous avez par exemple, l'indicateur de l'état des récifs coralliens. Important pour la France d'Outre-Mer, son chiffre tiendra compte dans les années à venir de la participation active des citoyens via le programme reef check. Entre 2011 et 2012, l'implication des citoyens dans le suivi de la biodiversité a augmenté de 44% ! C'est pas mal pour des français qui ne sont que 26% à mettre la disparition de certaines espèces végétales ou animales parmi les problèmes liés à la dégradation de l'environnement les plus préoccupants (lire ici).

Le corail crème (Acropora nasuta) à la Réunion © Philippe Bourjon | Wikimedia commons

L'ONB et le STOC

Concernant les populations d'oiseaux communs, vous trouverez leurs indicateurs dans « déplacement des espèces liées au changement climatique », « évolution des populations d'oiseaux communs spécialistes » et « hétérogénéité des cortèges d'espèces ». A Vigie-Nature, c'est Diane Gonzalez, qui s'est en partie chargée d'analyser les données que vous trouverez sur le site de l'ONB. Elle a travaillé sur 135 espèces et 11 234 carrés STOC prospectés pendant 25 ans. Certaines espèces d'oiseaux sont en chute libre en 2013. C'est le cas, par exemple, du bruant ortolan dont les effectifs ont diminué de 50 % en dix ans. D'après Frédéric Jiguet, professeur au Muséum et responsable du STOC, l'espèce est éligible à la catégorie « en danger » dans les critères de la liste rouge des espèces menacées de l'UICN.

Chez les chauves-souris

Jean-François Julien, spécialiste des chauves-souris au laboratoire, confirme que chez ces mammifères nocturnes, les espèces abondantes et largement réparties sur le territoire présentent une tendance très négative alors que des espèces qui s'étaient beaucoup raréfiées comme les Murins et les Rhinolophes voient leur abondance remonter (ici l'indicateur de l'ONB). Pour lui, c'est l'extension des zones urbanisées ou cultivées de façon intensive qui fait diminuer la quantité de proies disponibles pour les chauves-souris. Mais il confirme aussi un engouement des observateurs bénévoles pour ces reines de la nuit. En parlant d'insectes, sachez qu'à Vigie-Nature, on réfléchit à créer un indicateur à partir des données d'observation des papillons communs (ici le site de l'Observatoire des papillons des jardins, un programme du Muséum et de Noé conservation).

La fête de la biodiversité, c'est donc le bon moment pour se rendre compte que chaque observation envoyée aux scientifiques servira un jour ! Via peut-être un indicateur chiffré, moins drôle et moins émouvant qu'une rencontre avec un animal ou une plante fabuleuse.... Mais un chiffre utile à l'élaboration des futures politiques de conservation de la nature.

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Lisa Garnier, le jeudi 22 mai 2014

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