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Quelle est la différence entre suivre une espèce et inventorier une espèce ?

Sciences participatives

Dans les actualités du site de l'Inventaire National du Patrimoine Naturel (INPN) du Muséum national d'Histoire naturelle, on pouvait lire le 07 octobre « Mise à jour des données des programmes Vigie-Nature OBJ, STERF et SPIPOLL ». En lecteur / lectrice assidu(e) de ce post, vous aurez reconnu les sigles de l'Observatoire de la Biodiversité des Jardins animé par Noé Conservation, le Suivi Temporel des Rhopalocères de France animé par l'Association des Lépidoptéristes de France et le Suivi Photographique des Insectes Pollinisateurs (Spipoll) animé par l'Office pour les insectes et leur environnement.

30 000 observations de près de 500 espèces d'insectes

Cela dit, dans les faits, qu'est-ce que cela veut dire ? Pourquoi transférer des données si elles sont déjà utilisées par Vigie-Nature ? Quelle va être la seconde vie des 30 000 observations de bénévoles réalisées entre 2012 et 2014 sélectionnées par l'Inventaire National du Patrimoine Naturel ?

Inventorier

C'est là que nous arrivons à la fameuse différence entre les deux verbes suivre et inventorier. « L'inventaire national répond à des objectifs de localisation, de répartition des espèces sur le territoire national » m'a expliqué Laurent Poncet, directeur adjoint du Service du Patrimoine Naturel. « On se charge de transmettre au Ministère en charge de l'Écologie et à l'Union Européenne où se situent les espèces selon leur degré de protection, leur « appartenance » à un réseau (Natura 2000, zones de protections particulières) ». Inventorier, c'est donc savoir ce qui est présent à un endroit et à un moment.

Suivre

Les trois observatoires à sigles, STERF, OBJ et Spipoll, reposent, quant à eux sur des opérations répétées selon un protocole toujours identique. Parce que l'objectif du suivi est de connaître l’évolution des populations d’une espèce ou d'un groupe d'espèces dans le temps (relire à l'occasion « Observateurs, le temps vous donne raison »). C'est une tendance sur plusieurs années.

Des cartes, des indicateurs

Lorsque l'on inventorie, on réalise des cartes de distribution. Lorsque l'on « suit », on crée des indicateurs. Les cartes situent les enjeux de conservation de la biodiversité au sein des territoires ; les indicateurs « indiquent » l'évolution de la biodiversité.

Espèces vues rarement, souvent, très souvent

Dans les suivis de Vigie-Nature, ce sont les espèces communes que les participants sont invités à comptabiliser. Dans les inventaires, on vise toutes les espèces, y compris les espèces rares. En conséquence de quoi, les rares y sont souvent mieux représentées que dans les suivis.

Paon du jour © cybelle | participant au Spipoll

Le paon du jour

Si l'on prend comme exemple le paon du jour (Aglais io), notre espèce phare du mois d'août dernier avec ses exploits face aux mulots (ici), voici à quoi ressemble sa carte de répartition en prenant en compte l'ensemble des inventaires de France métropolitaine :

Carte de répartition du Paon du jour sans les données des observateurs de l'OBJ, du STERF et Spipoll © INPN | MNHN

On peut la comparer à la répartition d'un papillon plus rare mais répandu, l'Azuret du Serpolet, Maculinea arion :

Carte de répartition de Maculinea arion © INPN | MNHN

Pourtant, le paon du jour est commun et devrait pouvoir être rencontré sur l'ensemble de l'hexagone. C'est tout le paradoxe. En réalité, la carte de distribution obtenue traduit beaucoup plus la disponibilité des données que la présence de l’espèce. En ajoutant les données des trois observatoires, la carte de répartition du papillon se métamorphose :

Carte de répartition du Paon du jour avec les données des observateurs de l'OBJ, du STERF et Spipoll © INPN | MNHN

Inventaires et suivi sont donc deux façons différentes de connaître la biodiversité sur un territoire mais elles sont profondément complémentaires !

Vérification

Cette complémentarité n'est cependant possible que si les observations de Vigie-Nature portent sur des espèces dont la détermination est simple et précise, sans qu'elles puissent être confondues avec d'autres (comme dans le cas du Paon du jour) ou qu'elles aient été vérifiées par des spécialistes. En effet, pour être pris en compte dans l'inventaire national,il faut être « expertisé». Il y a tout un processus de validation. C'est pourquoi seuls 15 à 20 % des données de Vigie-Nature sont transférées à l'Inventaire national.

Anisorus quercus © Ascalaf07

Pour l'anecdote, il arrive cependant que des espèces rares soient « inventoriées » dans les protocoles de suivi. Mathieu de Flores animateur du Spipoll à l'OPIE m a indiqué que le longicorne, Anisorus quercus, qui est assez localisé en France, a été photographié in natura. Une observation rare qui est est localisée sur la carte de répartition de l'INPN !

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Lisa Garnier, le lundi 17 novembre 2014

Pour s’abonner au blog, cliquer sur lgarnier@mnhn.fr

Je profite du post pour remercier tous les contributeurs au nom de Vigie-Nature et de l'INPN pour leurs données plus qu'utiles !

Pour en savoir plus sur les inventaires nationaux, c'est ici.

N'oubliez pas notre Opération cymbalaire là !

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