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Quel avenir pour les oiseaux ? Retours sur un colloque international

Sciences participatives

Les colloques, c'est idéal pour les rencontres et les nouveaux sujets. Le 9 octobre, j'ai pu assister au colloque international « Avifaune et changements climatiques » organisé par la LPO au Muséum national d'Histoire naturelle. Autant le dire très vite : le changement climatique modifie déjà les populations d'oiseaux et les projections futures calculées par les scientifiques ne donnent pas le sourire.

Les oiseaux suivis par de nombreux observateurs bénévoles

Cependant, signalons que ces projections existent le plus souvent grâce à l'engagement de nombreux bénévoles observateurs d'oiseaux ! Sans eux, il aurait été beaucoup plus difficile d'aboutir aux résultats que je vais vous présenter et de tirer la sonnette d'alarme. Et ça, cela donne le sourire.

Qui de la température ou des précipitations agit le plus sur la biologie des oiseaux ?

Après les discours d'ouverture du colloque, James Pearce-Higgins, directeur scientifique du British Trust for Ornithology, a débuté les festivités. Prenant pour acquises les modifications des communautés d'oiseaux en lien avec les changements climatiques, il nous a présenté les facteurs susceptibles d'agir directement sur la biologie des oiseaux, notamment les températures et les précipitations.

Les températures !

Grâce à 45 années de suivis de 59 espèces d'oiseaux nicheurs au Royaume-Uni, des chercheurs dont James faisait parti, ont étudié les variations d'abondance de chaque espèce en fonction des moyennes mensuelles des températures et des précipitations (l'article scientifique ici). Résultat : pour les oiseaux « restant à la maison » c'est à dire au Royaume-Uni ou migrateurs sur de courtes distances, les températures hivernales et printanières sont celles qui agissent le plus sur l'abondance des populations. Et ce positivement.

Les variations de précipitations agissent peu sur l'abondance des oiseaux

Si roitelets et vanneaux huppés profitent de la hausse des températures, les hivers glacials peuvent fortement perturber les espèces. Comme les hérons cendrés, dont les populations régressent fortement en cas de températures très basses. Côté humidité, rien à craindre du côté des précipitations. Les oiseaux semblent bien « gérer ».

Héron cendré © Tifaeris

Ailleurs, sous l'équateur ?

Pour ceux qui habitent l'Outre-Mer, le résultat dans les régions tropicales est intéressant (publié dans un livre ici). James nous a en effet montré que les oiseaux tropicaux sont bien plus affectés par une baisse des précipitations que par une hausse des températures. A l'inverse des milieux tempérés, les oiseaux souffrent du manque de pluie.  

Niverolle alpine © Doc Searls | Wikimedia Commons

Dans les Alpes italiennes

Comme je vois la page se noircir très rapidement, je passe sans transition au travail du chercheur italien Mattia Brambilla du Muséum de Science, MUSE, qui a travaillé sur la répartition future de cinq espèces d'oiseaux vivant dans les montagnes italiennes. Sachez qu'il n'a étudié que la répartition de ces oiseaux en Italie. Donc, vous ne saurez rien pour notre côté des Alpes... Mais ce n'est pas très réjouissant. La Niverolle alpine verrait sa distribution diminuer de 91 % et le Pipit spioncelle de 57 % en 2050. Comme les pistes de ski sont aussi en régression aux basses altitudes (200 ont déjà disparu en Italie), tout le monde va vouloir atteindre les sommets....Les humains vont-ils se montrer « gentleman » vis a vis des espèces alpines ? 

Distribution du Pipit spioncelle (en rouge : territoires toujours viables, rose : seulement en 2050, bleu : viables actuellement seulement) © Mattia Brambilla | MUSE

Changements climatiques et oiseaux migrateurs

Enfin, le directeur de l'Institute of Avian Research en Allemagne, Franz Bairlein a été très clair : chaque habitat est important pour les oiseaux migrateurs, que ce soit celui où a lieu la reproduction, l'hivernage et celui où les oiseaux effectuent leurs « stop-over » lors de la migration.

Les oiseaux migrent moins

L'Institute of Avian Research possède un système de choc pour étudier les oiseaux migrateurs en Europe. Sur l'île d'Helgoland au nord de l'Allemagne, 15 000 oiseaux sont chaque année piégés par des filets depuis 1911 ! Grâce à ce système, l'équipe de Franz a pu montrer que la plupart des passereaux migrateurs arrivent plus tôt au printemps.

Île d'Helgoland © Raico Bernardino Rosenberg | Flickr

Bref, vous aurez compris qu'il y a des gagnants et des perdants face au changement climatique. Edward Perry de BirdLife international a cependant conclu « there are more losers than winners ».

La suite sur le colloque la semaine prochaine !

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Lisa Garnier, le lundi 19 octobre 2015

Pour s'abonner au blog, cliquer sur lgarnier@mnhn.fr

 

 → Le Muséum national d'Histoire naturelle organise de nombreux événements (conférences, débats, films, expositions) dans le cadre de la COP21. Retrouvez ici tout le programme. Les travaux des chercheurs sur la thématique du changement climatique sont à découvrir ici

→ Souhaitez-vous, vous aussi, contribuer à des études sur le suivi des oiseaux en France ? Inscrivez-vous à Oiseaux des jardins, ou si vous êtes plus confirmés, tentez le Suivi hivernal des Oiseaux Communs (SHOC).

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