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La « mouche » qui voulait être une star

Sciences participatives

Lunettes noires et habit de guêpe, bolide de l’air et vol stationnaire de libellule, le syrphe, un diptère comme les autres mouches, a tout inventé pour être reconnu parmi les insectes.

« Plus tard, je voudrais être une star »

Finalement, et contre toute attente, ce sont ses jeunes larves boudinées qui se sont bâties une solide réputation parmi les belles feuilles des plantes cultivées. Notamment, les carnivores, dévoreuses de pucerons. Elles sont devenues les ogresses les plus cruelles des contes fantastiques des Aphides (la grande famille des pucerons, plus d'infos là). Cette renommée est parvenue aux oreilles des chercheurs et des cultivateurs qui ont vu là un bon moyen de protéger leurs cultures grâce à leur aide.

Syrphe ceinturé © Mathieu Gruau | Suivi photographique des insectes pollinisateurs

« Bientôt, j’aurai pris la place des abeilles »

Petit à petit, la notoriété des syrphes parmi les pollinisateurs s’est répandue– 500 espèces en France quand même. Notamment celle du Syrphe ceinturé (Episyrphus balteatus), désormais élevé – domestiqué ? – depuis 1995 (voir ici). L’animal se nourrit de nectar, se déplace de fleurs en fleurs comme les abeilles et fait des bébés « utiles ». Un bon point à préserver.

« Je suis déjà en haut de l’affiche »

L’année dernière, des chercheurs néerlandais ont publié une étude sur les fleurs préférées des syrphes (là) : ils ont recherché les plantes les plus accessibles en nectar et celles augmentant leur durée de vie. La famille des Apiacées forme le best of. Pour être vu, foi de syrphe, rien ne vaut le panais cultivé, la carotte sauvage et la grande berce. Des fleurs de jouvence, qui permettent aux syrphes de vivre plus de 10 jours. En revanche, rangez vos cosmos et vos soucis, assimilables à un régime en eau : deux jours de longévité seulement.

Berce (genre Heracleum)  © jeanjerome | Spipoll

« Faut se battre dans ce métier »

Seulement voilà, les syrphes sont plutôt urbanophobes (lire là) et subissent comme tous les pollinisateurs une diminution de leurs populations dans les campagnes (un article scientifique ici). Alors que dire du changement climatique ?  

« Le plus difficile, c’est de durer »

C’est à ce sujet que s’est attaqué le chercheur du Muséum national d’Histoire naturelle Colin Fontaine. Avec le Suivi photographique des insectes pollinisateurs -Spipoll - et les collections d’insectes du Muséum, il cherche à comprendre si les différentes espèces de syrphes sont sensibles ou pas aux variations des températures, régulières ou extrêmes, depuis un siècle. Et si cette sensibilité agit sur leur présence au cours des mois, ce que l’on appelle la phénologie.

Milésie Frelon (Milesia crabroniformis) © Tifa's photos

« Je suis plutôt photogénique »

« C’est une étude corrélative » m’a-t-il indiqué « on ne fait pas d’expériences. Mais la présence d’une espèce plus tôt dans la saison peut avoir des répercussions sur ses relations avec les autres pollinisateurs par exemple ». L’étude étant en cours, je ne vous dévoilerai aucun résultat. En revanche, Grégoire Loïs, directeur de Vigie-Nature, m’a donné les pourcentages de présence des espèces photographiées, étudiées par Colin, au cours des différents mois.

On remarque par exemple que la Milésie frelon et la Volucelle enflée ne sont pas visibles sur les fleurs lors des mêmes mois, sauf en été. La Volucelle enflée est plutôt du printemps. Est-ce que les données du Spipoll nous permettront de dire que l’espèce apparaît de plus en plus en février ou en octobre ? Quant au Syrphe ceinturé, « c’est une espèce présente presque tout au long de l’année » m’a dit Grégoire.

Pourcentage de syrphes ceinturés (en bleu) et de Milésie frelon (en orange) photographiés au cours d'une année © Spipoll

Ce travail évidemment n’étudie les syrphes qu’en tant que pollinisateurs mais leurs larves sont tout aussi intéressantes. Celles des volucelles font le ménage dans les nids de guêpes et celles des éristales recyclent la matière organique.

Moins glamour qu’ogresse parmi les pucerons ?

En attendant, on remercie la patience des photographes des syrphes adultes ! Le Spipoll compte désormais 245 645 photos et 25 289 collections !

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Lisa Garnier, le lundi 10 octobre 2016

Contact : lgarnier@mnhn.fr

Comprendre le Spipoll avec Vigie-Nature Ecole

Spipoll from Vigie-Nature École on Vimeo.

Ca tombe bien !

Ici un article de blog sur une collection Spipoll réalisée sur une grande berce avec des syrphes. 

Et puis, visitez le site de l'Opie, qui anime le Spipoll !

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