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Le mystère des estrans de La Rochelle

Sciences participatives

Depuis le mois de juin, date de mon précédent post (ici) sur l'observatoire BioLit animé par Planète Mer et la station marine du Museum de Dinard, j'attendais avec impatience le moment pour vous écrire un mot sur le mystère des estrans de La Rochelle. Nous voilà lundi 1er décembre. Parfait. Un petit cadeau du calendrier de l'avent.

Un peu vaseux

Situés le plus au sud des principales zones d'études de l'observatoire qui courent jusqu'au Nord Pas-de-Calais, les estrans des Charentes possèdent la particularité d'être largement envasés. Les nombreux estuaires et marais qui ornent le paysage de cette région alimentent l'océan et les côtes de nombreuses particules fines venues des terres.

Ceinture alguale

De plus, dans cette région de France, l'inclinaison des côtes est de façon générale particulièrement faible. Ce qui d'un point de vue des algues modifie leur possibilité de se répartir sur les rochers à marée basse. Pour une algue, il faut de la roche pour accrocher ses « crampons » et des eaux relativement claires pour permettre la photosynthèse. D'après la théorie, lorsque l'on se balade vers la mer à marée basse sur un estran, on doit d'abord rencontrer les algues à flotteurs, la Pelvétie, le Fucus spiralé, l'Ascophylle noueux et le Fucus vésiculeux, puis le Fucus denté et enfin l'Himanthale. Cette répartition est vous vous en doutez liée à leur aptitude à supporter d'être à l'air libre plus ou moins longtemps.

Pelvétie, Fucus spiralé, Ascophylle noueux © doris.ffessm

En Charente, c'est différent

Or, en Charente, Pelvétie et Himanthale sont presque absentes. Quant aux fucus spiralé, on ne l'observe également que faiblement. Sauf aux pointes Nord des îles de Ré et d’Oléron à l’écart des estuaires et sous influence des courants marins et des vagues comme en Bretagne.

Algues brunes et gastéropodes = BioLit

Dans un contexte où les algues semblent régresser depuis 20 ans, il est donc très intéressant d'aller fouiller sur ces lieux pauvres en algues et de suivre leur évolution dans le temps en compagnie des êtres vivants qui s'y cachent et s'y nourrissent.... les gastéropodes !

Peu d'escargots de mer

Et que nous disent les données de BioLit ? Que les escargots de mer suivent la même tendance que leurs compères, les algues, dans les estrans charentais : peu d'algues, peu d'individus. En moyenne 13 individus par unité d’échantillonnage c'est à dire sur ou sous les fucus alors qu'en moyenne, on est plutôt proche de 20-22 individus sur l'ensemble du littoral étudié. Bizarre.

 

 Des patelles en quantité

 La surprise vient aussi de la densité en patelles sur certains  estrans. Notamment à La Rochelle, à Chef  de baie et  aux Minimes, où es patelles peuvent contribuer jusqu’à 50 % des gastéropodes. Or, la patelle broute les  jeunes algues  brunes. Les scientifiques supposent ainsi que le faible nombre d'algues pourraient en partie venir de l'action de ces « ruminants » aux chapeaux pointus.

 

 

 

 Front de patelles © Tristan Diméglio | Planète Mer

 

Ici un film où l'on entend les patelles brouter :

© Aurélie Froger fish-dont-exist.blogspot.com

Plus d'espèces

Enfin, les gastéropodes des estrans de La Rochelle ne sont pas nombreux mais ils sont plus diversifiés. Alors que sur l'ensemble des estrans de la côte Atlantique et de la Manche, le nombre d'espèces différentes par unité d’échantillonnage est en moyenne de trois, elle est de 5,4 espèces en Charente (d’après la liste des 19 espèces suivies dans BioLit).

La présence remarquée de la gibbule ombiliquée, la littorine des rochers, le monodonte et la patelle sur les estrans de La Rochelle © doris.ffessm

Voilà donc le mystère. Peu d'algues brunes, mais une diversité d'escargots de mers.

Avis aux amateurs d'énigmes, la quête continue ! Avec une augmentation de sa participation de 40% cette année, BioLit est sur le bon chemin. Enfilez vos bottes et votre ciré, l'air marin ça fait du bien !

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Lisa Garnier, le lundi 01 décembre 2014

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