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Le secret des plantes super conquérantes de la jungle urbaine

Sciences participatives

Souvenez-vous en octobre 2015, nous nous penchions sur les pieds d'arbres de la ville de Paris (ici) pour étudier leur degré de désertification.

Les herbes aux pieds des arbres

Après une nouvelle moisson d'herborisation dans le quartier de Bercy, qui est rappelons-le, l'un des sites les plus anciennement habité de Paris (les archéologues y ont notamment découvert plusieurs pirogues en chênes datant de -4800-4300 av. J.-C), nous voici repartis sur les traces des herbacées sauvages poussant aux pieds des arbres.  

S’étendre et subsister

Cette année, l’étudiante Marion Dubois, travaillant sous la direction de Nathalie Machon, professeure au Muséum national d’Histoire naturelle, s'est intéressée aux caractéristiques des plantes les plus conquérantes et les plus tenaces.

Des plantes communes bien rares en ville

Marion a donc recherché parmi les espèces de plantes identifiées depuis 2009 aux pieds de 1 474 arbres répartis dans les 27 rues du quartier de Bercy, celles capables de s’étendre au-delà de cinq pieds d’arbre. Cinq pieds, ce n’est pas beaucoup. Pourtant, sur les 318 espèces recensées, la plupart ne subsiste qu’au pied de deux, trois ou quatre arbres ! Les autres sont encore plus rares puisqu’elles n'ont été recensées qu'une seule fois.

© Noelie Morel

 

Des plantes qui font des pieds et des mains

En tout, 58 espèces de plantes sauvages vivent au pied d’au moins cinq arbres (sur les 1 474). Sur ces 58 espèces, 45 ne vont pas au-delà de 100 arbres. Finalement, les plus débrouillardes, celles qui ont réussi à s’installer au pied de 1 000 arbres, se comptent sur les doigts d'une main.

Les conquérantes et résistantes

Sont nommées : le pâturin annuel, le pissenlit, la vergerette du Canada, l'orge des rats et le laiteron maraîcher. Entre 2009 et 2015, ces conquérantes présentent une remarquable stabilité en nombre de pieds d’arbres colonisés.

L'orge des rats (Hordeum murinum) © Edinburgh Nette | Flickr

Les instables

En revanche, la cymbalaire des murailles et la cardamine hirsute peuvent apparaître ou disparaître d’une année sur l’autre : malgré leur capacité à vivre au pied d’au moins cinq arbres, elles sont faiblement représentées. En ville, il ne faut pas compter sur les insectes et sur le vent

Comment expliquer cette instabilité ?

Il faut d’abord aller chercher vers le système de reproduction des plantes. Celles dépendant des insectes sont les plus soumises à une variabilité de leur succès reproducteur. Pas facile de produire des graines lorsque les insectes sont absents ! Le vent, quant à lui, n’est pas très fiable non plus. La présence de bâtiments n’y est-elle pas pour quelque chose ? Feraient-ils barrière à la bonne propagation du pollen ?

Laiteron maraîcher © Irene Ortega | Flickr

L’autofécondation, la meilleure stratégie

Finalement, Marion montre qu’en ville, les plantes capables de s’installer durablement aux pieds des arbres sont celles qui pratiquent l’autofécondation. Et si ces plantes produisent des graines capables de survivre plus de cinq ans dans le sol, elles sont les grandes gagnantes des espaces urbains.

Faut-il retenir, qu’en ville on ne peut compter que sur soi ?

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Lisa Garnier, le lundi 19 septembre 2016

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