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Quel accueil pour les chauves-souris ?

Sciences participatives

Alors que la nuit tombe et que les oiseaux sont partis se « coucher », mis à part les martinets, qui continuent leur vol de nuit, les silhouettes fugaces des chauves-souris se dessinent ça et là, dans la pénombre bleutée de l'été. D'où viennent-elles, ces chauves-souris ? De leur gîte, pour beaucoup situé chez des particuliers.

Les « bêtes » du Cher

Il y a quelques semaines, je suis allée à la rencontre de ces particuliers, avec Laurie, étudiante au Muséum national d'Histoire naturelle au Centre d'écologie et des Sciences de la conservation. Réalisant une étude sur le rôle de la lumière artificielle sur les heures d'activité de ces « bêtes » - c'est le terme employé par tous les amoureux des chauves-souris -, Laurie connaît comme sa poche les colonies des espèces les plus communes (pipistrelles et sérotines) dans le département du Cher.

Le département le mieux connu

Il faut dire que Laurent Arthur et Michèle Lemaire, conservateurs du Muséum de Bourges, avec qui elle travaille, sont les spécialistes incontournables en matière de chauves-souris. Jugez plutôt : 1150 colonies sont actuellement connues et suivies dans ce département ! Un record européen. Chaque année, Laurent, Michèle et leur équipe en découvrent entre 70 et 80 dans ce même département. En « médiateur faunique », comme il aime s'appeler, Laurent répond patiemment aux questions des particuliers sur les bêtes s'étant installées sous leurs toitures. Evidemment sans demander l'autorisation.

Indésirables ou accueillies

Dans mon cas, les particuliers visités avaient accepté que Laurie installe un enregistreur d'ultrasons sous le point d'entrée de la colonie repérable par les minuscules crottes des bêtes. Ces demoiselles entrent par n'importe quel petit interstice, et qui s'amuse à vouloir le boucher, peut s'attendre à ce qu'elles en trouvent un autre.... Indésirables chez certains, accueillies à bras ouverts chez d'autres, les chauves-souris questionnent.

Des médaillés de l'accueil

« Ça fait des crottes !» Certes, c'est un défaut. Mais quel animal n'en fait pas ? Certains propriétaires de colonies estivales étalent des bâches sur le sol afin de contenir les besoins. Mais il faudrait parfois offrir des médailles aux propriétaires les plus patients, notamment ceux qui accueillent chez eux des sérotines, particulièrement bruyantes. J'ai ainsi rencontré un couple offrant l'hospitalité à 150 sérotines dans leur grenier ! Et aux dires de Laurent « Au delà de 50 individus, il peut y avoir y a un problème de nuisance même si l'on met une bâche. Avec plus de 100 bêtes, on est au-dessus de la nuisance. Il faut aider la cohabitation ».

Sérotine © Laurent Arthur | Muséum de Bourges

Chaque année, elles reviennent au même endroit si elles s’y sentent bien

Généralement, les personnes accueillent, suivant les espèces, entre 10 et 150 chauves-souris chez elles. Le second couple chez qui je me suis rendue a compté 22 sérotines cette année mais en 2012, il en avait alors 35. Et alors que Laurie devait installer son enregistreur chez un propriétaire accueillant chaque année des pipistrelles, elle a été surprise de l'entendre dire au téléphone « que les pipistrelles n'étaient pas arrivées ».

De l'hiver à l'été

Oui, les chauves-souris ne s'installent chez les particuliers qu'en période estivale pour mettre bas et s'occuper des petits. En effet, elles passent bien souvent la mauvaise saison en d'autres lieux comme des grottes, souterrains, caves ou cavités d’arbres. Entre ces deux périodes, les spécialistes s'interrogent sur leur localisation. Pour certaines espèces cela reste un mystère à éclaircir. Avant que Laurie ne commence à réaliser son stage, ils supposaient que début juin, toutes étaient arrivées dans leur logis d'été. Mais, il semble que non. Que font donc les chauves-souris au printemps ?

Moins 57% en huit ans !

Certains propriétaires sont particulièrement attentifs à leur colonie. Mr. Tournefier, participant à l'étude, a lui-même vérifié que l'enregistrement des ultrasons avait bien eu lieu au cours de la nuit. Il a même regardé les bêtes à l'envol pour constater qu'il y en avait aussi moins que les autres années. L'impression est bien réelle puisque l'indicateur national des chauves-souris calculé à partir de Vigie-Chiro montre que les effectifs des espèces les plus communes, ont régressé sur l'ensemble du territoire : moins 57 % en huit ans (lire ici l'indicateur national)

Entre la perte de leur nourriture, composée d'insectes, et des gîtes en régression, les chauves-souris liées à nos habitations ont besoin de soutien. Cela vaut bien quelques petites crottes !

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Lisa Garnier, le lundi 07 juillet 2014

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--> Vous croyez avoir des chauves-souris chez vous, vous avez « peur » qu'elles fassent des dégâts ? Le muséum de Bourges répond à vos questions ici

Au fait, tous les particuliers accueillants des chauves-souris se portent bien ainsi que leurs animaux de compagnie ! Non, on ne tombe pas malade avec des chauves-souris dans son grenier. D'autre part, elles ne mangent pas les isolations et ne font qu’un petit par an.

Des NEWS des autres observatoires

--> découvrez le Tour de France de la biodiversité avec l'Inventaire National du Patrimoine Naturel du Muséum ici.

--> Concernant le questionnaire proposé dans le post "top five", 70 % des personnes interrogées sont intéressés par des résultats scientifiques sur la biodiversité en général et vous ? C'est ici.

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