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Sauvages et libres en ville !

Sciences participatives

Des mauves, des chélidoines, des coquelicots.... De jolies fleurs....dans les prairies ?

Non.

Dans les villes ! Le long des trottoirs, au pied des arbres, dans des espaces où on les accueillerait avec simplicité.

 

Le rêve d'une ville prairie.....

C'est le nouveau défi de Nathalie Machon, responsable scientifique de l'observatoire Sauvages de ma rue au Muséum national d'Histoire naturelle. « Si les quartiers ont des espaces verts correctement gérés et que la ville n'utilise pas de produits phytosanitaires pour désherber, alors le nombre d'espèces portant de jolies fleurs sur les trottoirs a toutes les chances d'augmenter » m'a-t-elle dit très enthousiaste.

 

Coquelicots © Nathalie Machon | MNHN

 

Mais pourquoi s'intéresser à ces plantes à fleurs ?

« Certaines espèces de plantes sont plus agréables aux citadins parce qu'elles font de belles fleurs. Mais il se trouve, qu'en plus d'être jolies, ces espèces ont souvent la capacité de nourrir les pollinisateurs sauvages. Elles attirent et entretiennent une faune pollinisatrice, des petites mouches, des abeilles, etc. ; elle-même potentiellement capable d'attirer des oiseaux et des chauves-souris. S'intéresser à la fraction de la flore qui fait des belles fleurs, c'est donc s'intéresser à une autre dimension de biodiversité dans les rues, c'est mieux caractériser la biodiversité d'un quartier. »

 

La prairie commence par des chiffres

En 2014, Sauvages de ma rue présentait 20 000 données accumulées et parfaites pour s'adonner à des calculs savants en science de l'écologie. 20 000 données représentant 20 000 détections d'espèces végétales localisées sur des tronçons de trottoir d'une ville. Plusieurs relevés ont été réalisés sur ces trottoirs par les fidèles participants à Sauvages (lire aussi les posts ici et ). 20 000 pointes de poésie verte parmi le bitume gris des trottoirs..... 20 000 petits spectacles d'une nature ordinaire. 20 000 plantes sauvages appartenant à 350 espèces différentes récoltées sur 2500 trottoirs de 38 villes grâce à de patients participants, guide floristique en main !

 

Vergerette du Canada © Nathalie Machon | MNHN

 

Quand Sauvages permet l'étude de la flore urbaine

« En écologie, on essaye toujours de trouver des relations entre l’aire étudiée et le nombre d’espèces observées » m'a dit Nathalie. « On sait que plus le site où l'on fait des inventaires est grand, plus il y a d'espèces mais qu’à partir d’une certaine surface, on arrive à saturation. » Jusqu'à présent, les chercheurs s'étaient surtout intéressés aux forêts, aux savanes, aux endroits plutôt sympathiques. Jamais aux trottoirs ! Or Nathalie étudie la flore urbaine. Il lui fallait donc une caractérisation écologique du milieu.

 

Un résultat de Sauvages

Et bien sachez-le « il faut environ 100 mètres de trottoirs pour trouver le maximum d'espèces dans un quartier ». Evidemment suivant les quartiers, on ne va pas trouver le même nombre d'espèces. Les 20 000 données de Sauvages montrent que plus il y a de la place pour les espèces végétales, comme des pieds d'arbres végétalisés, des espaces enherbés ou des plates-bandes accueillantes, plus le nombre d'espèce est multiplié (par deux, trois ou quatre). Dans le cas contraire, moins d’une dizaine d'espèces arrive à pousser sur les trottoirs et c'est même en moyenne plutôt trois ou quatre. Un genre de désert en somme.

 

Un nouveau slogan

Avec les 20 000 données, Nathalie a également pu étudier la proportion de plantes pollinisées par les insectes et établir une liste des plantes « copines » voire « mariées » aux insectes. « C'est là qu'en tant que chercheuse, je peux commencer à donner des conseils de gestion » m'a dit Nathalie. « Si une ville veut améliorer sa biodiversité : il faut qu'elle laisse de la place à la disposition des plantes sauvages. Je propose donc d'utiliser dans les villes un nouvel indice : le nombre de plantes pollinisées par les insectes que j'appelle le NIPS.»

 

Chélidoine © Chris.urs-o | Wikimedia commons

 

Vous souhaitez agir pour la biodiversité à votre échelle ? Faire quelque chose pour les espèces de plantes sauvages et libres ? Adoptez le « NIPS » dans votre ville ! Audrey Tocco de Tela botanica vous en reparle bientôt dans la prochaine newsletter de Sauvages de ma rue....

 

D'ici là, les trottoirs vous tendent les bras !

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Lisa Garnier, le lundi 30 mars 2015

Pour s’abonner au blog, cliquer sur lgarnier@mnhn.fr

 

--> Le nouveau site de l'Observatoire des Jardins en ligne ! C'est ici avec Noé Conservation.

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