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Contribuez à la production en nectar utile ! Laissez fleurir les trèfles !

Sciences participatives

Parfois, le post à écrire est tellement excitant que l'on ne sait pas par où commencer. C'est le cas aujourd'hui. Nombreux sont les articles sur la diminution des populations des pollinisateurs, sur leur rôle dans la production des grandes cultures. Yves Bertheau, directeur de recherche à l'INRA et membre de notre laboratoire, nous envoie régulièrement des articles liés à ce sujet. Il était donc temps de s'y mettre !

Deux articles

J'avais d'abord en main un article d'une équipe française menée par Fabrice Requier « Honey bee diet in intensive farmland habitat reveals an unexpectedly high flower richness and a major role of weeds » mais Colin Fontaine, notre chercheur spécialiste des pollinisateurs m'a aussi suggéré « Historical nectar assessment reveals the fall and rise of floral ressources in Britain » paru très récemment dans la prestigieuse revue Nature.

Et les deux articles sont passionnants ! Par où commencer ?

La nourriture des pollinisateurs

J'ai pris le parti d'ouvrir sur le travail des anglais mené par Mathilde Baude et ses huit compères (celui publié dans Nature). L'équipe n'a pas travaillé sur les pollinisateurs mais sur ce qu'ils collectent en partie lorsqu'ils butinent : le nectar. Original. D'autant plus original que c'est la première fois que la production en nectar est quantifiée à l'échelle d'un pays entier !

Quantifier la production de nectar par espèce

A partir d'un relevé floristique réalisé sur l'ensemble du territoire du Royaume-Uni depuis 1978, le Countryside Survey, les chercheurs ont choisi d'estimer la quantité de nectar produite par 179 espèces de plantes à fleurs.

Bombyle et Véronique © Martin JeanMougin | MNHN

Ce choix d'espèces m'a permis de prendre conscience que sur les 2 800 espèces de plantes du Royaume-Uni environ 270 seulement représentent une ressource potentielle pour les pollinisateurs à l'échelle nationale.

Le choix des espèces à étudier

Parce que parmi les 2 800 espèces de plantes, seules 1 341 sont relativement communes. Parmi lesquelles 454 représentent 99 % de la couverture végétale à l'échelle du pays. Enfin, parmi ces 454, seules 220 nécessitent les insectes pour leur reproduction... Les autres sont des fougères, mousses, conifères, plantes à fleurs pollinisées par le vent (notamment les graminées). Les chercheurs ont aussi ajouté à ces 220 espèces, 50 espèces moins communes comme le Buddleja, parce qu'ils supposent qu'elles contribuent à la production en nectar dans certaines régions.

Le suivi de la disponibilité en nectar

En prenant en compte les changements de la répartition des habitats, les chercheurs ont pu étudier la variation des abondances des espèces florales sur plusieurs périodes de temps : 1930-1978, 1978-1990, 1990-1998 et enfin 1998-2007 dans deux régions spécifiques, le Pays de Galle et l'Angleterre. Soit un suivi de la disponibilité en nectar pour les insectes pollinisateurs sur 86 ans !

Aurore (Anthocharis cardamines) © Nick Greatorex-Davies | HMBG

Une baisse, une croissance de zéro et une augmentation

Sans surprise, les chercheurs montrent un déclin de la productivité en nectar de 32 % de 1930 à 1978. Sur l'ensemble du pays, la productivité a ensuite stagné jusqu'en 1998. Notamment dans les terres arables et les forêts de conifères. Mais la bonne nouvelle est que de 1998 à 2007, elle a augmenté de 25 %. Et ce sont les prairies dites « améliorées » qui ont probablement le plus contribué à cette croissance puisqu'elles représentent la plus grande surface utile aux pollinisateurs.

Ces résultats, notent les chercheurs, correspondent aux études sur le déclin puis au ralentissement de l'homogénéisation des pollinisateurs de ces dernières années.

Orchis de Fuchs sur prairie calcaire © Stephen Wheeler | Flickr

Vive les prairies calcaires !

Mais allons un peu plus dans le détail. En termes de qualité d'habitat pour le nectar, c'est la prairie calcaire la plus favorable (avec la forêt de feuillus et les prairies). Elle regroupe trois qualités importantes pour le nectar : productivité, diversité et accessibilité aux pollinisateurs.

Le quatuor à fleurs

Enfin, si la majorité du nectar anglais est produit par 22 espèces végétales, quatre espèces : le trèfle blanc (Trifolium repens), la callune (Calluna vulgaris), le cirse des marais (Cirsium palustre) et la bruyère cendrée (Erica cinerea) sécrètent à elles seules 50 % du nectar au Royaume-Uni !

Trèfle blanc © Kevin Thiele | Flickr

Le trèfle blanc

J'ai demandé à Gabrielle Martin, notre référente Vigie-flore, si on retrouve ce résultat en France avec les relevés de nos botanistes bénévoles. Et oui, le trèfle blanc, la callune et la bruyère cendrée sont indiqués dans de nombreux relevés. Surtout le trèfle blanc ! Une bonne raison pour éviter la tonte lorsqu'il se met à fleurir !

Collection Spipoll © MEU Nanterre

Laisser le trèfle fleurir, c'est participer à la protection des pollinisateurs !

Sur ce slogan à diffuser largement, je vous propose de réaliser des collections Spipoll ici en attendant la suite de ce post ! La prochaine fois, on parlera pollen !

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Lisa Garnier, le lundi 22 février 2016

Pour s'abonner au blog, cliquer sur lgarnier@mnhn.fr

 

AGENDA

→ Florence Devers de Vigie-Nature sera au Festival Nature La Chevêche en Dordogne à Nontron du 11 au 13 mars. Découvrez le programme ici

 

→ Un colloque sur « Les Pollinisations » aura lieu à Paris, les vendredi 15 avril et samedi 16 avril 2016 au Grand Amphithéâtre de l’Université Paris-Descartes, 12 rue de l’École de Médecine, Paris 6e. L'affiche est là.

 

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