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Coucous, fauvettes et hirondelles... Leur migration saisonnière favorise-t-elle leur diversité ?

Sciences participatives

C'est le printemps et les oiseaux migrateurs sont de retour dans leurs contrées de naissance. J'ai pu entendre le coucou ce week-end, et si vous cliquez là, vous verrez que les hirondelles de fenêtres ainsi que les huppes fasciées remontent vers le Nord (ici sur le site de la LPO Champagne-Ardenne). Le bon moment pour vous entretenir des travaux de Jonathan Rolland, doctorant au laboratoire CESCO , et de ses collègues, qui doivent être publiés aujourd'hui dans une revue scientifique britannique, les Proceedings of the Royal Society B. C'est donc un Scoop.

 Migrateur ou sédentaire ?

Alors que Jonathan fait ses recherches sur ce qui favorise la biodiversité des mammifères et des oiseaux, il a été amené à se demander si les espèces d'oiseaux migratrices favorisent la « naissance » de nouvelles espèces. Prenons le traquet motteux qui migre de l'Afrique de l'Ouest jusqu'à l'Alaska via l'Islande et le Groenland et dans toute l'Europe du Nord. Est-ce que son ancêtre était un oiseau migrateur, comme lui, ou un oiseau sédentaire comme le traquet de Hume ?

Le grand arbre de l'évolution des oiseaux

Jonathan ne s'est pas arrêté au traquet motteux, ni même à son ordre, les passeriformes. Il s'est attaqué au grand arbre de l'évolution des oiseaux du monde (ici) ! C'est ainsi que pour 9 832 espèces, il a recherché celles qui sont migratrices ou sédentaires et a découvert que finalement les oiseaux sont plutôt du genre pantouflard. Les espèces migratrices ne représentent en effet que 18,5% de la totalité des espèces.

Cela remonte à loin...

D'après les calculs de Jonathan et ses collègues, la migration des oiseaux est apparue au temps des dinosaures il y a 80 millions d'années. Mais elle apparue de manière indépendante plusieurs fois. La migration chez les passeriformes aurait ainsi explosé vers 43 millions d'années, soit après la crise du Crétacé (je rappelle la date : il y a 65 millions d'années). Quant à l'ordre des records, parmi les cinq étudiés, c'est celle des oiseaux marins, les Charadriiformes, composés à 60 % d'espèces migratrices. La sterne arctique fait à elle seule 80 000 km dans l'année, en migrant d'un pôle à l'autre.

Traquet motteux femelle © Ken Billington | Wikimedia

Des migratrices qui s'installent

Et notre traquet, alors ? D'après les modèles mathématiques de Jonathan, il aurait toutes les chances de descendre d'une espèce migratrice. En effet, celles-ci se diversifient plus vite que les sédentaires et quand cela arrive, elles créent soit deux espèces migratrices soit une espèce sédentaire et une espèce migratrice. Aujourd'hui, il existe, par exemple, des populations de grives litornes sédentaires au Groenland alors que l'espèce est migratrice en Europe.

Le changement climatique

Autre résultat : le fait de migrer diminue la probabilité d'extinction des espèces. Comme si les oiseaux migrateurs étaient plus aptes à s'adapter à de nouvelles conditions locales ou de fuir des lieux qui ne leur conviennent pas. J'en viens donc à la question : si les espèces migratrices ont un rôle plus important dans la diversification des espèces d'oiseaux et si elles sont plus aptes à s'adapter à de nouvelles conditions locales, sont-elles les espoirs de demain face au changement climatique ?

« Mes résultats sont à des échelles de temps très longues et il est difficile de les confronter aux échelles de temps courtes du réchauffement climatique » m'a répondu Jonathan. Mais d'autres recherches réalisées à l'aide du Suivi Temporel des Oiseaux Communs (STOC) de Vigie-Nature ont montré que les espèces sédentaires comme le troglodyte mignon semblent mieux s'adapter aux variations de températures que les migrateurs comme le rossignol.

Conclusion : il y a encore du boulot en matière de recherche !

Pour finir, je viens de découvrir xeno-canto qui partage les sons d'oiseaux du monde entier !

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Lisa Garnier, le mercredi 23 avril 2014

Pour s’abonner au blog, cliquer sur lgarnier@mnhn.fr

Settling down of seasonal migrants promotes bird diversification. Jonathan Rolland, Frédéric Jiguet, Knud Andreas Jønsson, Fabien L. Condamine and Hélène Morlon. Proceedings of the Royal Society B. 2014.Which are the phenologically flexible species? A case study with common passerine birds. Jean-Pierre Moussus, Joanne Clavel, Frédéric Jiguet and Romain Julliard. Oikos. 2011

 

Des NEWS des autres observatoires

→ Les résultats de la première expérience participative Compet' à la mangeoire sont en ligne ! A découvrir ici.

 

Liens :

Le Suivi Temporel des Oiseaux Communs (STOC)

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