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La botanique par la pratique

Sciences participatives

 

Souvenez-vous, au mois de mai, Nathalie Machon, professeur au Muséum national d'Histoire naturelle et responsable de l'observatoire Sauvages de ma rue répondait aux remarques et questionnements de Janine, participante de la ville d'Aix-en-Provence (à lire ou découvrir ici). Voici la suite des découvertes botaniques de Janine et des réponses de Nathalie.

La surprise n°1 de Janine publiée dans le précédent post portait sur les plantes minuscules ressemblant à des mousses.... les Sagines. Depuis, en avez-vous trouvées dans votre rue ? Des photos ici sur le site de Tela Botanica.

La surprise n°2 de Janine : les individus miniatures « Une plante habituellement grande mais qui n'a pas pu croître. Elle est en bonne santé et évolue avec les stades de floraison (limitée) de son espèce. »

Réponse de Nathalie Machon : « Lorsque certaines plantes poussent dans très peu de sol, leur taille peut en effet rester très modeste ».

La surprise n°3 : La couleur. « Il existe des individus pourpres au lieu de verts, indépendamment des espèces et du lieu où ils poussent. Une plante verte en côtoie une pourpre. Ces individus semblent garder leur couleur à tous les stades ».

NM: « Les plantes contiennent des anthocyanes (pigment rouge) et de la chlorophylle (pigment vert qui fait la photosynthèse). Suivant les proportions de chacun de ces pigments, on voit les plantes plutôt rouges ou plutôt vertes. C’est comme les humains, toutes n’ont pas la même couleur ! »

Epilobe d'Aix en Provence  © Prisca | participant au Spipoll

La surprise n°4 : Les différences de forme du même individu à des stades différents. « Chez une plante que je ne connaissais pas auparavant, l'épilobe à 4 angles, j'observe des feuilles bien larges, qui s'étagent très serrées en alternance sur la tige. Une dizaine de jours plus tard, je retourne la voir pour confirmer son identification avec ses fleurs. Impossible de la reconnaître. Je crois qu'elle a été arrachée. Mais il y a là, une plante que je doute avoir déjà vue à cet emplacement. C'est pourquoi je la photographie. De retour chez moi, je compare cette plante à l'épilobe. Il ne fait alors aucun doute que c'est le même individu : les sections de la tige entre les feuilles ont tellement grandi que la symétrie si régulière de l'alternance des feuilles a disparu et les feuilles si larges se sont allongées en feuilles étroites. La plante, dont le port droit ressemblait à celui d'un jeune basilic, est maintenant souple et courbe évoquant presque une plante grimpante ».

NM: « C’est vrai, la morphologie des plantes à fleurs évolue avec le temps. Suivant les conditions dans lesquelles elles germent puis vivent, les individus peuvent avoir des formes différentes. Les laiterons maraîchers sont typiquement des plantes à morphologie très variable ce qui les rend parfois délicates à déterminer surtout pour les novices. »

En zone péri-urbaine d'Aix en Provence  © Prisca | participant au Spipoll

Surprise n°5 : « ne pas retrouver en ville la flore de la nature environnante (pas de thym, de romarin, de genets, etc., qui poussent si abondamment dans les lieux arides et pierreux) et de même, au cours des promenades en milieu sauvage, retrouver peu de plantes qui abondent dans les rues. »

NM : « J’ai deux réponses à cette remarque : les rues de la ville d’Aix-en-Provence sont très abondamment arrosées en raison des nettoyages, ce qui fait que les plantes des milieux secs ne sont pas favorisées, au contraire. Deuxièmement, les plantes des milieux naturels n’ont pas forcément des graines suffisamment mobiles pour arriver en ville (contrairement à celles des pissenlits par exemple). Pour le phénomène inverse, les milieux naturels riches en biodiversité sont relativement stables. Les espèces généralistes des villes supportent mal la compétition avec les espèces spécialisées des habitats naturels et n'y trouvent donc pas leur place.»

Janine, m'avait écrit « C'est donc surtout en participant au programme "Sauvage de ma rue" que j'apprends un peu de botanique pratique ». Et vous, cher lecteur ?

Retour des posts en août !

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Lisa Garnier, le mardi 15 juillet 2014

Pour s’abonner au blog, cliquer sur lgarnier@mnhn.fr

Le Samedi 26 Juillet, découverte des sciences participatives et de l’observatoire Sauvages de ma rue à Rouen (76) de 15h30 à 16h15. Par la CREA - Communauté d'agglomération Rouen-Elbeuf-Austreberthe. Informations et inscriptions : 02 35 52 93 20

Et n'oubliez pas notre questionnaire à propos du blog ici.   

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