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Une orchidée sur les trottoirs !

Sciences participatives

La rentrée est passée. On a repris le chemin de l'école, du travail, des transports en commun, des marches rapides sur les trottoirs... que l'on oublie de regarder, absorbé par les pensées....

Et si au contraire, on goûtait ce moment : observer les tâches vertes, bien vivantes, qui colorent le gris du bitume ?

Des surprises !

Parfois, les trottoirs recèlent en effet des surprises ! Emilie Ducouret, qui a arpenté les rues de la ville de Viroflay dans le département des Yvelines peut en témoigner. Etudiante, elle a travaillé sur la flore sauvage de cette ville voisine de Versailles grâce à l'observatoire Sauvages de ma rue.

Des Epipactis au coeur de la ville

Et elle y a découvert une population d'orchidées sur les trottoirs ! L'Epipactis de Müller (E. muelleri), une espèce appréciant la mi-ombre mais qui n'était pas connue pour ses capacités à s'ancrer dans des fissures de trottoirs ! Cinq orchidées ont élu domicile à Viroflay. Elles se répartissent dans la ville sans avoir de préférences pour un lieu. Trottoirs ou pieds d'arbres, en bordure de forêts ou proche de grands axes routiers et ferroviaires, peu leur importe !

Un nectar vivant

Avec un tel résultat, je n'ai pu m'empêcher d'aller fouiller la biblio récente. J'ai d'abord trouvé que le nectar des Epipactis est bourré de micro-organismes très divers, des bactéries et de la levure. Ces micro-organismes pourraient avoir une action sur la qualité du nectar et donc sur l'attirance des pollinisateurs. Notamment chez les espèces qui se reproduisent grâce aux insectes.

Epipactis de Müller à Viroflay © Emilie Ducouret | MNHN 

 

Pas besoin de pollinisateurs

Chez l'Epipactis de Müller, la plante est au contraire autogame : elle se pollinise toute seule, sans l'aide de personne. Les chercheurs ont d'ailleurs montré que c'est l'espèce qui présente la plus pauvre diversité de bactéries dans son nectar (c'est ici pour ceux que cela intéresse). Cette faculté à se reproduire toute seule expliquerait peut-être pourquoi elle a réussi à s'étendre dans Viroflay. 

L'évolution des populations d'orchidées de France

Voilà pour l'anecdote ! Plus sérieusement, j'ai trouvé dans Recent declines and range changes of orchids in Western Europe (France, Belgium and Luxembourg) (ici) que l'Epipactis de Müller est une orchidée dont les populations se portent mieux en France, comparée à d'autres espèces des milieux humides qui déclinent depuis 20 ans.

Les orchidées n'aiment pas le béton

Pour les auteurs, Hélène Vogt-Schilb et ses collègues, le changement de la répartition des orchidées est surtout lié à la disparition des prairies et autres milieux naturels « ouverts » dans les régions du nord en raison de la croissance des villes. Les orchidées sont en effet la famille de plantes la plus vulnérable face à l'urbanisation.

Longue vie aux orchidées de Viroflay !

A Viroflay, Emilie Ducouret a retroussé ses manches. Au bout de trois semaines d'observation, elle s'est rendue compte que trois d'entre elles ont subi un traitement de choc : produits chimiques, scalpe à la tondeuse et déracinement. Elle a donc informé le service Environnement et propreté de la commune. Son histoire a fait la une du site internet de Viroflay cet été !

Epipactis de Müller à Viroflay © Emilie Ducouret | MNHN

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Lisa Garnier, le lundi 7 septembre 2015

Pour s'abonner au blog, cliquer sur lgarnier@mnhn.fr

 

 --> Vous voulez aussi découvrir des espèces de plantes remarquables chez vous ? Munissez-vous du guide Sauvages de ma Rue et cliquez ici pour participer à l'observatoire des plantes urbaines ! Il y a même une appli ici. Au printemps, Tela Botanica compte déployer un MOOC sur la botanique qui permettra aux observateurs débutants de se former et de prendre de l'assurance pour se lancer dans l'observation des sauvages de leurs rues. Les toutes premères infos sont ici.

--> Les orchidées de France métropolitaine possèdent leur site collaboratif de collecte et de partage d'observations, c'est ici avec la Société Française d’Orchidophilie (SFO). 

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