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Observateurs, le temps vous donne raison.

Sciences participatives

Observer, noter, envoyer. Chaque année et parfois plusieurs fois par an, les observateurs de la nature s’investissent dans le suivi des espèces communes qui leur tiennent à cœur : papillons, oiseaux, libellules, plantes sauvages… Avec patience, ils emploient leur temps libre à se faire les témoins scrupuleux des variations d’abondance des espèces qui les entourent. Tels des agents d’EDF et de GDF, ils font des relevés de chiffres. À la différence près, qu’ils ne recevront pas de facture mise à jour le mois suivant…. La mise à jour prendra au moins un an, si ce n’est beaucoup plus !

Voyez le programme STOC, le Suivi Temporel des Oiseaux Communs. Le 30 mai 2013, l’Union européenne publiait un communiqué dans sa rubrique Science for Environment Policy. Il faisait état de la publication dans une revue scientifique Ecological Applications des travaux de Lauriane Mouysset, Luc Doyen et Frédéric Jiguet, chercheurs dans le département Écologie et Gestion de la Biodiversité au Muséum national d’Histoire naturelle. L’équipe a exploré comment les politiques économiques agissent sur les risques pris par les agriculteurs et sur la biodiversité dans un paysage agricole. Dans cette recherche, la biodiversité a été estimée par les données STOC relevées entre 2001 et 2008. Ce n’est donc qu’entre douze et cinq ans après les relevés, que ces chiffres sont diffusés au niveau européen. Ce qui est d’un bon niveau car toutes les publications n’atteignent pas ce degré dans l’échelle de diffusion dans l’action politique.

Analysons encore plus finement, le temps nécessaire pour publier l’article. Lauriane a réalisé ses travaux en tant que doctorante. Son contrat a débuté en octobre 2009. Le 1er décembre 2010, elle avait déjà des résultats et rédigé une première version de son article. Cet article s’est vu refusé dans un premier journal. Le 10 octobre 2011, il était reçu par Ecological Applications. Mais après avoir été relu par des pairs scientifiques, il a fallu lui apporter des compléments, le corriger…Finalement, c’est le 22 mai 2012 que l’article est définitivement accepté pour publication. Mois au cours duquel Lauriane a soutenu sa thèse. Pour finir, Lauriane a envoyé la version finale de l’article le 14 juin 2012 et ce n’est que six mois après, en janvier 2013, que cet article et les résultats scientifiques qu’il expose a pris une valeur scientifique, soit trois ans après leur « mise en évidence ».

Dans la recherche, les données ne sont utiles que si elles permettent une publication dans une revue scientifique. Et tant que ce n’est pas publié, les chercheurs ne peuvent pas « éthiquement » vous communiquer les résultats….ou alors en utilisant des « pincettes » en employant le conditionnel – ce qu’ils font aussi lorsqu’ils publient mais c’est une autre histoire. Bref, la science prend du temps. Tel l’arbre que l’on plante pour plusieurs générations, vos données d’aujourd’hui serviront demain.

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Lisa Garnier, le 24 juin 2013

Pour s'abonner, écrire à lgarnier@mnhn.fr

 

Liens :

Risk averse behaviour may improve farmland biodiversity, "Science for Environment Policy":European Commission DG Environment News Alert Service, edited by SCU, The University of the West of England, Bristol.How does economic risk aversion affect biodiversity ? Ecological Applications, Mouysset L., L. Doyen and F. Jiguet. 2013. Le Suivi Temporel des Oiseaux Communs (STOC-Vigie-Nature)

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