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Quand les données de Vigie-Nature permettent de prévoir l'avenir

Sciences participatives

 

Lorsqu'on présente Vigie-Nature à des personnes qui ne nous connaissent pas, il nous arrive de dire que nous faisons une sorte de « météo de la biodiversité commune ». À la différence près que nous ne la faisons pas au jour le jour mais au mois ou à l'année.

Des relevés d'oiseaux

Avec le Suivi temporel des oiseaux communs (STOC), nous suivons les tendances des différentes espèces au cours du temps – d'ailleurs Diane Gonzalez, notre spécialiste des indicateurs, est en train de mettre à jour la base de données – et nous renseignons leur état au Ministère en charge de l'Écologie.

La météo, ce sont des observations mais aussi des prévisions

Cependant, lorsque nous consultons la météo c'est généralement pour connaître les prévisions à venir. Oui, c'est assez rare d'aller se conforter qu'il a plu toute la journée et que nous sommes bien trempés par manque de parapluie. Prévoir pour mieux se préparer.

Mesurer aujourd'hui pour prévoir demain

Le « truc » c'est que ces prévisions dépendent des relevés réalisés les années précédentes. Grâce aux relevés des pluies fortes sous lesquelles je me trouvais l'autre jour sans parapluie, les ingénieurs de Météo-France établiront de nouveaux modèles de prévision pour le printemps 2016.

Gobe-mouche gris

Gobemouche gris © Thierry Tancrez | l'envol des oiseaux.over-blog

Des oiseaux fonction de la pluie et du beau temps

Avec le STOC, c'est la même chose. On peut tenter de « faire parler » les relevés des espèces des années passées pour prévoir leur état dans le futur grâce à des modèles statistiques. Sauf que pour compliquer un peu les modèles de prévision, il faut tenir compte des modifications du climat. J'ai d'ailleurs écrit « Effets du changement climatique : les efforts récompensés des bénévoles » à ce propos (ici) et dernièrement « Quels nouveaux lieux de vie des espèces avec le changement climatique ? Le cas de l'Outarde houbara » (là). L'intérêt est alors de savoir où les espèces pourront trouver refuge en fonction du climat à venir.

Karine et les modèles

Karine Princé, ancienne doctorante du laboratoire CESCO, est allée encore plus loin dans sa lecture de l'avenir. Sans boule de cristal, je le précise, elle a fait « parler » les données du STOC en relation avec celles du climat et celles des paysages agricoles. Elle souhaitait en effet savoir si les habitants à plumes des champs et des prairies, ayant déjà subi une forte baisse d'effectifs au cours des vingt dernières années (lire aussi Alouette où es-tu?) peuvent trouver un habitat favorable en 2050, en termes à la fois de paysages et de conditions climatiques. Et si oui dans quelles régions ?

Prédire où se répartiront les champs cultivés

Une fois les cartes d'adéquation climatique réalisée pour chaque espèce d'oiseaux agricoles, Karine s'est attelée à la prédiction des changements des paysages agricoles. Oui, c'est possible. Grâce aux données de l'usage des sols (habitats agricoles ou non) réalisés entre 1960 et 1990 et de leur couverture en prairie et en champs cultivés datant de 2000, Karine a cherché comment ils se répartiront à l'avenir en fonction des choix politiques agricoles susceptibles d'être pris.

Différents scénarios

Elle a choisi des scénarios basés sur des politiques nationales et régionales : le statu quo correspondant à la situation actuelle, le développement de cultures céréalières au dépend des prairies, correspondant au développement des agro-carburants, et le développement d'une agriculture écologiquement intensive basée sur une plus grande mixité des terres céréalières et une augmentation des prairies.

© Romane Amice | MNHN

Et le gagnant est...

Ensuite, et bien ensuite, elle a regardé quels scénarios profitent le mieux aux oiseaux communs agricoles en 2050. Et sans aucun doute, les scénarios d'une agriculture moins intensive et plus variée (mixtes de prairies et de champs cultivés) leur offrent plus de chances de continuer à peupler les campagnes.

Cerise sur le gâteau, cela permettrait même de modérer les effets négatifs du changement climatique !

© Patrick Morand | patmo.net

 

De quoi aider à prendre les bonnes décisions, non ?

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Lisa Garnier, le lundi 13 avril 2015

Pour s’abonner au blog, cliquer sur lgarnier@mnhn.fr

 

La recherche de Karine et de ses collaborateurs, Romain Lorrillière, Morgane Barbet-Massin, François Léger et Frédéric Jiguet vient d'être publiée (février 2015) dans PLOS ONE : Forecasting the effects of land use scenarios on farmland birds reveal a potential mitigation of climate change impacts. C'est ici.

 

→ Vous trouverez des photographies et des illustrations résultant du Forum Ouvert en Ile-de-France sur notre page Facebook ici.

 

→ Les inscriptions pour le Forum Ouvert qui aura lieu à Corte en Corse le 25 avril sont ouvertes ! Les informations sont ici.

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