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Le feuilleton du printemps : Nos chers voisins version oiseaux

Sciences participatives

Alors que la saison BirdLab battait son plein au mois de février 2015, j'ai reçu la question suivante de Gérard, un ami des oiseaux : « Je dispose d’un grand pommier sur tige de 8 m de haut et d’un grand noisetier multi-tiges de même taille ; ces deux végétaux sont espacés de 10 mètres. Pour l’instant, je ne possède qu’un nichoir à Mésanges charbonnières dans mon pommier. À quelle distance puis-je installer d’autres nichoirs pour les espèces différentes qui visitent mon jardin (500 m²) ? »

La réponse du spécialiste

Renseignements pris auprès de Frédéric Jiguet, professeur au Muséum national d'Histoire naturelle et responsable scientifique de Oiseaux des Jardins, je réponds à notre ami des oiseaux qu'il n'y a pas de distances inter-espèces. Plus il y a de nichoirs, mieux c'est. Ils peuvent être séparés d'un mètre, sur chaque arbre par exemple.

Sittelle torchepot © Peter Mulligan | Wikimedia commons

La crise du logement

Cependant si Gérard m'avait écrit, c'est parce qu'il avait constaté une « crise du logement ». Il m'expliquait « un couple de Sittelles torchepot tourne autour du nichoir des Mésanges charbonnières que celles-ci visitent régulièrement. Une des sittelles a même réussi à y entrer. Elle a commencé à y faire du ménage en enlevant des brindilles et de la mousse. Les charbonnières protestent, volent autour, occupent aussi le terrain, sans toutefois qu’il y ait affrontement. Il y a vraiment nécessité de nichoirs supplémentaires. » Deux mois plus tard, il m'envoie une photographie de son pommier, transformé :

« En plus du nichoir en place depuis 3 ans dans lequel un couple de Mésanges charbonnières niche chaque année, j’ai installé deux nouveaux nichoirs : l'un avec un trou pour Mésanges bleues, l'autre pour Sittelles torchepot ou Mésanges charbonnières. Mais la sittelle veut à tout prix occuper l’ancien et a éjecté le nid construit par les charbonnières l’année précédente ! »

Qui va gagner ?

En l’absence de la sittelle, la charbonnière ne s'est pas laissée démontée. « Je l'ai vu enlever la terre que la sittelle avait mis en place derrière et à l’intérieur du trou d’entrée ». Puis, la sittelle a repris ses droits. « Mais voilà qu'aujourd’hui la femelle charbonnière, profitant de l’absence de la sittelle, s’est installée dans le nichoir. Elle n’en a pas bougé depuis l'heure ! »

© Gérard

La rivalité s'installe

« La sittelle est revenue mais, décelant l’occupation du nichoir, elle a passé la tête dans le trou sans oser y entrer. Elle semble monter la garde à proximité avec moultes « engueulades » avec le mâle charbonnière perché plus haut. Je ne sais pas comment cela va finir ! » Le lendemain, Gérard m'écrit « les charbonnières ont gagné » ! « Ce soir vers 17h30 des nouvelles fraîches. Les sittelles semblent avoir cédé la place. En effet la femelle charbonnière entre et sort du nichoir central à sa guise, avec le mâle à proximité qui vient se nourrir dans la mangeoire proche. »

« Encore du nouveau vers 18h30 : la sittelle réapparaît. Profitant de la désertion des charbonnières (elles partent dormir quelque part ?), elle surveille les alentours et inspecte le nichoir» Cette fois, c'est moi qui me demande comment cela va finir.

Quand aurai-je des nouvelles du feuilleton ?

 

 

© Gérard

 

Les nouvelles arrivent 5 jours plus tard, « les sittelles ont repris la main ! » « Cette fois les sittelles occupent le terrain : la femelle comble les fissures - quelle énergie ! Cela est probablement dû au fait que j’ai ouvert le nichoir en son absence. Le mâle toujours aux alentours émet son chant de territoire, alterné de cris d'alerte. Pas de charbonnières à l’horizon ! Mais je ne suis pas toujours derrière ma fenêtre ! »

Mai 2015 : Si(ttelle)est son désir !

« Bonjour Lisa, Eh bien voilà, l’histoire continue avec les sittelles dont la femelle couve. Les charbonnières ont abandonné le terrain, sûrement pour rechercher un autre logis. Elles devront avoir de la chance et ont de commun avec les hommes la difficulté à se loger ! En attendant l’envol d’une nichée de petites sittelles, la tondeuse à gazon trop bruyante devra attendre ! »

Fin de la romance

En juin, c'est avec impatience que j'attendais des nouvelles de la nichée de Gérard....Mais bientôt, la nouvelle tombait : « le nichoir est désert ; les sittelles l'avaient pourtant tapissé d'une grande quantité de boue et de salive ». C'est la fin d'une histoire bien triste. Mais elle nous aura tenue en haleine pendant 2 bonnes minutes ! Et qui sait ? Gérard n'a peut-être pas été le témoin de l'envol des jeunes ?

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Lisa Garnier, le lundi 22 juin 2014

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