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Qu'est-ce qu'une prairie ?

Sciences participatives

Ma commune arbore de vastes espaces enherbés. Il y a quelques semaines, alors que j'observais les cortèges de fleurs tout en réfléchissant à l'écriture de mon article, je me suis demandée combien de temps j'aurai le privilège de profiter de ce bonheur sauvage en pleine ville ! Deux jours après, c'était tondu... Des petits chemins et des espaces de jeux auraient suffi, non ? On aurait eu l'impression d'être vraiment à la campagne. D'être dans une prairie !

Mais c'est quoi une prairie ?

C'est de l'herbe haute ? C'est de l'herbe que l'on ne coupe pas ? C'est pour faire les foins ? C'est là où broutent les animaux ? Les vaches et les moutons, les bisons en Amérique... Est-ce que mon gazon est une prairie ? Les bords de route et les friches sont-ils des prairies ?

Questions à une spécialiste 

J'ai toqué à la porte de Fiona Lehane, qui est chargée d'études floristiques au Conservatoire botanique national du Bassin parisien pour lui faire part de mes interrogations. Ça tombait bien. Elle avait travaillé sur ce sujet pour l'Observatoire départemental de la biodiversité urbaine (ODBU) du Département de la Seine-Saint-Denis. " Sous le nom de prairie, les gestionnaires d'espaces verts vont parfois désigner les fourrés,  les friches et les gazons. Ce sont les premiers à s'interroger sur ce qu'ils doivent faire pour entretenir ces espaces" m'a dit Fiona. 

Une définition simple

« Une prairie de fauche représente une végétation herbacée - donc sans arbres, ni arbustes – haute (pas riquiqui comme un gazon), dense - il y a des plantes qui poussent de partout les unes à côté des autres -, continue (quand on la regarde, la prairie se ressemble à droite comme à gauche, elle est homogène). Enfin, elle est dominée par les graminées comme le fromental (un excellent article sur cette plante à lire ici) et possède tout un cortège de plantes typiques comme la Marguerite commune, le Salsifis des prés…  

 

© DNPB-CD93

Les prairies et nous

À notre époque, les prairies naturelles sont très rares. Pourtant, elles proposent le gîte et le couvert à une multitude d’insectes, oiseaux et autres animaux. On les dit « semi-naturelles » parce qu'elles nécessitent notre intervention pour se maintenir ! Soit parce qu'on les coupe, soit parce que l'on y fait paître des animaux d’élevage. Dans ce cas, ce sont des prairies pâturées, qui ont, quant à elles, une végétation plus basse et hétérogène.

La prairie évolue soit en forêt...

Si nous, humains, décidons de ne plus faire paître d'animaux, ni couper cette végétation herbacée, des graines d'arbres et d’arbustes (érable, cornouiller sanguin, aubépine, etc.) y prennent racines. La prairie devient alors un fourré. Puis, à plus long terme, la forêt s'installe. ….

soit en gazon...

Si au contraire, nous décidons de tondre une prairie, le rythme des coupes va plus ou moins plaire aux plantes qui la composent. Si c'est tous les 15 jours, les plantes hautes n'auront pas le temps de s'épanouir et des plantes basses, comme les pâquerettes et le pâturin, vont s'installer. La diversité des espèces de plantes diminue et un gazon urbain s'installe (sur le rôle de la fauche tardive en bords de route, lire Quels bords de route pour favoriser les insectes pollinisateurs?)

Parc Jean-Moulin à Bagnolet © Fiona Lehane | CBNBP

...ou en prairie plus ou moins riche en espèces

À partir du moment où l'on agit sur la croissance et la reproduction des plantes, on agit sur leur capacité à s'étendre et à être compétitives face à d'autres espèces. On les sélectionne en quelque sorte. Alors comment faire pour favoriser des prairies riches en espèces ?

Comment savoir si l'on agit en faveur de la biodiversité ?

Face aux nombreuses questions des gestionnaires d'espaces verts, l'ODBU, NatureparifPlante & Cité, le Conservatoire botanique national du Bassin parisien et Vigie-Nature ont conçu un nouvel observatoire : "Florilèges, prairies urbaines » (ici le site) dont l'objectif est de suivre l'effet des pratiques de gestion sur la qualité des prairies urbaines, mais également d’évaluer leur dynamique et leur évolution dans le temps (ici un article pour comprendre la différence entre un suivi et un inventaire).

Ça vous intéresse ?

Lancé en 2014 en phase pilote dans les régions du nord de la France, les participants étaient très motivés pour acquérir des connaissances en botanique, disposer d'un outil d'aide à la gestion tout  en participant à un programme de recherche. Vous trouverez ici le bilan de cette année pilote et le guide d'accompagnement au protocole pour la saison 2015. 

Et pour les régions du Sud, la phase pilote doit débuter cette année ! Vous êtes intéressés ? Parfait ! Ici le contact.

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Lisa Garnier, le lundi 8 juin 2015

Pour s’abonner au blog, cliquer sur lgarnier@mnhn.fr

 

→ Pour rejoindre le réseau des observateurs en Région Nord-Pas-de-Calais (villes de Lens, Arques, Brebières, Lille et Dunkerque) et suivre une formation, vous pouvez contacter la Mission Gestion différenciée de l’association Nord-Nature Chico Mendès à cette adresse : contact@nn-chicomendes.org

 

→ Voici les dates de formation Florilèges prévues en Île-de-France. L'inscription est gratuite mais obligatoire dans la limite des places disponibles à cette adresse : audrey.muratet@natureparif.fr. N'oubliez pas de préciser à quelle session vous souhaitez vous inscrire.

Le 15 juin 2015 de 14h à 17h30 au Muséum national d’Histoire naturelle Grand amphi d’entomologie, 43 rue Buffon, 75005 Paris (Métro 5 Gare d’Austerlitz)Le 16 juin 2015 de 9h à 12h30 à la communauté d’agglomération de Cergy-Pontoise bâtiment du verger, rue de la Gare, 95027 Cergy-Pontoise (RER A Cergy-Préfecture)Le 19 juin 2015 de 8h30 à 12h au Bois de Boulogne Division du Bois de Boulogne, avenue de l’hippodrome, 75016 Paris (Métro 9 Ranelagh)Le 2 juillet 2015 de 14h à 17h30 au Domaine de Sceaux Bâtiment de l’Intendance,  8 Avenue Claude Perrault, 92330  Sceaux (RER B Sceaux)Le 7 juillet 2015 de 14h à 17h30 au Parc départemental Georges-Valbon Maison Edouard Glissant, 55 av Waldeck Rochet, 93120 La Courneuve (RER B La Courneuve + Bus 249)

Séance "réponses aux questions" C'est quoi une prairie de fauche ?

C'est de l'herbe haute ? Oui, avant qu'elle ne soit fauchée.

C'est de l'herbe que l'on ne coupe pas ? Non, une prairie est en générale fauchée au moins une fois par an.

C'est pour faire les foins ? Oui, en contexte agricole.

C'est là où broutent les animaux ? Pas tout à fait. S’il y a du pâturage, on parle de prairie pâturée.

Est-ce que mon gazon est une prairie ? Non, c'est une formation végétale qui possède son propre cortège de plantes, adaptées aux conditions environnementales (tonte, piétinement,…).

Les bords de route sont-ils des prairies ? Oui puisqu'ils ne sont fauchés qu'une à plusieurs fois par an.

© Lisa Garnier | MNHN

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